Comment construire son système de consommation de contenu (le pouvoir d'une read-later app)

La consommation de contenu est utile, même importante. Elle peut et doit être une source de plaisir, d'inspiration, de croissance.

Mais souvent, elle ressemble plus à un moyen de distraction facile. L'information est consommée passivement pour nous faire penser à autre chose, ou nous donner l'impression de travailler.

La majorité de notre consommation est entropique : rien n'est fait dans une optique de créer, d'apprendre, ou de progresser. Que ce soit l'enchaînement d'épisodes Netflix ou de la "veille" sur les réseaux, on sort souvent de là avec un état mental dégradé.

Je n'ai rien contre le divertissement (ce serait d'ailleurs osé de la part de quelqu'un qui a passé autant de temps sur certains jeux). Je dis simplement qu'il existe une meilleure manière de faire. Intentionnelle, et pensée pour développer quelque chose (créer, apprendre, partager…).

C'est tout l'objet de cette newsletter : créer son système pour exploiter sa consommation de contenu.

En parlant de newsletters, on peut commencer par là. On en reçoit tous un certain nombre, mélangé avec des mails importants ou des sujets à traiter.

Je ne sais pas toi, mais quand j'ouvre ma boîte mail, je ne suis pas en mode consommation. Ce n'est pas l'endroit où je cherche à passer du temps dans de longues lectures et à apprendre des choses. Il doit rester ce qu'elle est : un simple outil de communication. Un endroit où les messages principaux sont reçus et doivent être (ou non) traités.

Le truc, c'est qu'on mélange tout. Du coup, on se retrouve avec des outils qui ont plusieurs fonctions et qui divisent notre attention.

On cherche à identifier des urgences au milieu de 45 mails non lus, d'invitations, de notifications… Et c'est dans ce même endroit qu'on cherche aussi les newsletters intéressantes.

La boîte mail n'est qu'un exemple parmi d'autres...

Transformer la passivité en intention claire

Le problème principal est la passivité face au flux d'informations qui nous parvient. On le reçoit, on le subit, mais on ne se dit jamais qu'on peut le gérer plus efficacement. Pendant ce temps, ce flux transforme notre cerveau et divise notre attention.

Ça fait longtemps que le problème n'est plus de trouver l'information. Le défi actuel (ou en tout cas celui qu'on s'auto-impose), c'est de rattraper la cadence du flux entrant de notifications, messages, promotions…

Malheureusement, ce flux est infini.

"Si vous ne choisissez pas où diriger votre attention, quelqu’un d’autre le fera à votre place."
Deep work, Cal Newport

Cette passivité est directement liée à la notion d'intention. C'est parce qu'il n'y a pas d'intention que ça nous distrait. C'est pour ça qu'on accumule de la charge mentale, et qu'on dégrade la qualité de ce qu'on veut faire.

Il y a deux aspects à ce niveau :

  1. L'impact sur nous

On ne prend pas assez conscience de l'impact de ce que l'on consomme. Sans intention, on reçoit et on accepte ce qui nous parvient. C'est comme si on recevait tous les jours un McDo en automatique, et qu'on l'acceptait sans se poser de questions.

De temps en temps, on aura une salade ou un fruit, mais la plupart du temps, non. Et dans tous les cas, on n'aura aucun contrôle.

  1. L'intention filtre l'attention

Définir une intention, c'est décider consciemment où l'on investit notre capital d'attention.

Si tu ouvres YouTube sans intention, tu vas subir la page d'accueil de plein fouet. Et dans 2 heures, on te retrouvera en train de regarder des vidéos de perroquets qui parlent.

Si tu ouvres YouTube avec une intention claire, ton attention sera posée sur la barre de recherche. C'est là que tu pourras aller chercher exactement ce pour quoi tu es venu (et ensuite avoir des chances de quand même finir sur des vidéos de perroquets qui parlent dans 2 heures, mais ça c'est une autre histoire…).

Le point central, c'est que l'outil est moins important que l'utilisation qu'on en fait. Et cette utilisation devrait toujours être définie en amont par une intention.

Consommer pour créer

La consommation en elle-même n'est pas le problème. C'est un outil incroyable pour :

  • apprendre
  • avoir de nouvelles idées
  • découvrir des points de vue différents

C'est le petit bois de la créativité, le fioul de la création.

Par définition, la créativité part d'une base. Elle ne part jamais d'une feuille blanche, mais c'est le résultat d'une combinaison unique de plusieurs éléments préexistants.

Du coup, on a réellement besoin de ce fioul pour créer. Et c'est une très bonne nouvelle d'avoir toute cette information à portée de main. Mais le volume d'informations est directement corrélé à l'importance de l'organiser efficacement. Et ce volume devient de plus en plus massif.

Aujourd'hui, on appelle "veille" le fait de scroller sur LinkedIn pendant une heure. On va s'auto-convaincre de regarder des shorts à l'infini pour une "analyse concurrentielle".

La consommation de contenu peut éveiller la créativité et ouvrir l'esprit, ou nous laisser surstimulés et vides.

On consomme, mais on n'apprend pas. On ne retient rien, car la plupart n'ont pas de système pour :

  • retraiter
  • organiser
  • filtrer
  • et utiliser l'information consommée

La différence entre une consommation utile et inutile est liée à l'apprentissage, d'une manière ou d'une autre. Et tout apprentissage est lié à un changement de comportement.

C'est aussi pour cette raison qu'on tire beaucoup plus profit des podcasts (ou des formats longs de manière général). Car c'est là qu'on trouve de la profondeur et du contexte. C'est là qu'on peut réellement intégrer l'information.

C'est grâce à cette profondeur, au retraitement de l'information et à la mise en situation qu'on peut comprendre.

Que ce soit pour l'apprentissage ou pour mieux gérer le flux entrant et organiser sa consommation, il y a une clé : utiliser une "read-later app".

Le pouvoir d'une read-later app

Une read-later app change tout de par son principe : centraliser sa consommation de contenu. On ne va pas avoir

  • des newsletters entre ses mails
  • des articles en favoris
  • des PDF dans un dossier sur son bureau

On rassemble tout pour consommer à un endroit unique, à un moment précis.

La base d'un outil comme ça résout un problème simple : je tombe sur quelque chose qui m'intéresse, mais que je ne veux/peux pas le consommer maintenant.

Où et comment consommer sont tout aussi importants que quoi consommer. On a vu le "où", voyons ce que ça change pour le "comment".

Que ce soit une newsletter, un document ou une vidéo, on consomme l'information d'une manière très passive.

On ouvre la ressource.

On la lit/regarde/écoute.

Puis on la jette en passant à autre chose (ou on l'enregistre à un endroit où l'on ne revient jamais).

Dans une read-later app, on peut :

  • prendre des notes,
  • surligner des passages,
  • rechercher les connexions avec d'autres ressources.

C'est grâce à ça qu'on va réellement traiter l'information, la consolider et l'appliquer.

Pour finir, on attribue un temps dédié à la consommation. Ça ne se fait pas au fil de l'eau par rapport à ce qui nous est jeté dessus, mais d'une manière consciente et proactive, dans un bloc de temps donné.

Du coup, quel outil utiliser ?

Il y en a plusieurs sur le marché. J'utilise Readwise (avec son outil Reader), que je trouve parfait, mais il y en a d'autres comme Instapaper, Omnivore, Pocket ou Raindrop.

Construire son système de consommation de contenu

Comme pour l'organisation de son temps, on peut tester différentes approches pour organiser le contenu et sa consommation.

On peut utiliser des automatisations, mettre en favoris, créer des dossiers dédiés…

Mais très souvent, il y a trop de frictions. Ce qu'on veut faire ne tient jamais dans le temps.

Comme toujours, il faut simplement opter pour un système simple et flexible.

Comment créer son système ?

  1. Regrouper sa consommation
  • En termes d’espace : centraliser tout son contenu au même endroit avec une read-later app
  • En termes de temps : consacrer un ou plusieurs blocs dédiés à la consommation de ce contenu

  1. Définir l'objectif

Lire un article, une newsletter, regarder une vidéo, peu importe.

Il faut avoir une intention (qui peut être le simple divertissement, l’apprentissage, ou la volonté de trouver de nouvelles idée).

  1. Prendre des notes

Personne ne veut perdre son temps. Pourtant, c'est ce qu'on fait quand on passe 30 minutes à consommer passivement une information. Il n’y a pas de changement de comportement ni d’application directe : c’est juste de l'information partant dans l'oubli.

On veut passer en mode consommation active en prenant des notes (faisable nativement dans Reader). Puis en réfléchissant à comment retraiter l'information (et y associer une action, un test, une idée pour un projet…).

  1. Prendre du recul sur les différentes approches

Tu viens de passer 30 minutes à écouter l’approche de quelqu’un, mais est-ce que c’est la vision universelle ?

  • Comment font les autres ?
  • Quels sont les contre-arguments ?
  • Quelles sont les autres solutions ?

Tu peux déjà prendre l'exemple de cette newsletter. Tu peux creuser les autres systèmes. Les autres outils. Ce qu'en disent les autres.

Plus tu creuses, plus tu vas former une vision d'ensemble précise du sujet.

  1. Construire ton approche
  • Tu as de la matière avec les ressources que tu as consommées et tes notes
  • Tu as exploré les différentes manières de faire existantes

Il te reste plus qu'à tester toi-même. Voir ce qui fonctionne pour toi, et créer ta propre approche sur la question.

On est passé d'une simple perte de temps et charge mentale inutile à une consommation de contenu intentionnelle permettant de trouver des idées et de les appliquer.

J'espère que ça te servira,

Excellent week-end,

LA

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