Pourquoi le perfectionnisme ruine tes performances (9 solutions pour s'en libérer)
Il est 8h. Le réveil sonne.
J’ai prévu de faire plein de choses, et surtout d'avancer sur un projet important.
Mais je reste un peu au lit. Encore 5min…
Après 30min, il faut peut être se décider...
La journée doit commencer !
Je me lève, je prends ma douche, et je m’installe à mon bureau.
Je sais que je dois faire ce projet.
C’est important pour moi.
J’ouvre mon PC, déterminé.
Je fais un tour sur ma boite mail. On sait jamais, il peut y avoir une urgence.
Bon aujourd’hui, c’est pas le cas.
Mais tant que j’y suis, j’ai 15 nouveaux mails à traiter.
Une heure plus tard, j’ai fait le tour des mails.
Ok, maintenant, je vais enfin pouvoir m’y mettre.
Oh tiens, c’est quoi ça ? Une notification Twitter.
Je jette un œil rapidement et je m’y mets.
Avant de m’en rendre compte, 5 minutes plus tard, je suis en train de scroller frénétiquement le fil d’actualité.
20 minutes plus tard, sous un éclair de lucidité, je me dis qu’il faut couper ça...
La journée a déjà bien commencé, et il y a sans doute des messages Slack qui attendent des réponses de ma part.
Entre temps, j’ai vu passer 2 nouveaux mails…
Et je vois déjà la to do list de la journée s’allonger à vue d’œil…
Après 1h sur Slack en repassant par mes mails entre temps, il est midi.
Pause bien méritée, je suis déjà crevé…
L’après midi vient, et je sais ce qui est prévu : enchainement de 4 réunions.
La fin de journée arrive avant de pouvoir souffler.
Mais je me rappelle de quelque chose…
Je devais aller faire mes courses. Mais avant, j’ai rendez vous chez le kiné.
Pas le temps de réfléchir, ça enchaine !
Ok, il est 22h et je peux enfin me poser. Me relaxer.
Mais je dois me lever tôt demain pour pouvoir avancer sur mon projet important !
Ah, c’est vrai... J’ai rien fait aujourd’hui…
Je m’en occuperai demain…
Oui, j’ai passé des mois à faire ça (voire des années).
Et non, ça n’a amené rien de bien.
Mon seul palmarès, c’était de finir mes journées exténué (physiquement et mentalement). Sans rien n’avoir accompli de vraiment constructif.
Je m’occupais…
Et ce n’est pas seulement une question de distractions.
Ca venait d’un attribut ancré plus profondément.
Mon perfectionnisme.
Le perfectionnisme qui a pour conséquence la procrastination infinie.
Certains voient encore ça comme quelque chose de positif. Mais en réalité, ça ressemble plus à une malédiction.
Un cycle éternel de “je veux faire les choses parfaitement, mais j’ai pas l’impression que je peux y arriver maintenant, donc je le ferai plus tard quand je pourrai le faire parfaitement…”
On est parti pour creuser le sujet et trouver des solutions !
1. L'impact de l'environnement
Une grande partie de ce défaut (car je le considère comme tel) vient de ce qui nous entoure :
- Environnement
- Relations
- Comparaison avec les autres
On est conditionné par des attentes extérieures. On a l’impression que notre devoir est d’être parfait, et que fournir un travail moins que parfait n’en vaut même pas la peine.
C’est encore considéré indirectement comme une qualité à avoir. Un “avantage” que certains ont.
Il n’y a pas meilleur exemple que la fameuse réponse à la question “quel est votre principal défaut” en entretien d’embauche.
Le perfectionnisme ressortant en tête de liste, car on se disait que ça serait bien perçu.
La première zone de travail, c’est de prendre conscience de la pression de son environnement, et de s’en détacher.
Mais ça ne vient pas que de l’extérieur…
2. Décorréler la perfection de notre valeur
Souvent, c’est aussi un trait bien ancré dans qui on est.
Ou plutôt, comment on se défini.
Si tu rends un travail valant 5/10, c’est que tu vaux toi aussi un 5/10 (à tes yeux et aux yeux des autres).
En cherchant la perfection, tu vas rester plus tard au boulot.
Pas le choix, c’est hors de question de fournir quelque chose de “passable”.
Ce n’est même pas une option.
Mais pour ça, tu vas moins dormir.
Et pas le temps pour le sport, c’est pas la priorité.
Et si hier t'as travaillé jusqu’à 22h, tu peux faire plus si tu tiens jusqu’à 23h aujourd’hui.
Et rapidement, on arrive vite à un déséquilibre, bien loin de la notion de perfection.
Ca vient d’une volonté de prouver aux autres qu’on est capable. Qu’on peut.
Et pour ça, on crée des objectifs trop hauts.
On crée une spirale infinie, et on se paramètre nous même pour l’échec.
On est concentré sur "être le meilleur", au lieu de "ce qu’il faut pour s’améliorer".
3. Le parfait est lui-même contre-productif
Tu peux avoir un déclic en comprenant qu’on n’a encore moins de chance d’être parfait si c’est ce qu’on cherche.
Le parfait met des bâtons dans les roues du parfait.
Avec la mentalité du “soit je deviens le meilleur, soit ca sert à rien”, on arrive à un stade de :
- surreflexion
- suranalyse
- paralysie d’action
C’est une mentalité qui empêche l’action. Qui empêche de simplement démarrer.
Mais le fait est qu’on ne peut pas devenir le meilleur si on ne démarre pas.
On veut tous créer et partager de la qualité. Et tant mieux.
Une manière simple de faire la bascule est de remplacer le perfectionnisme par l’excellence long terme.
Le perfectionnisme peut rester, mais sur le long terme. Dans une vision d’ensemble.
Car je pense que tout le monde devient un perfectionniste si il a quelque chose qui lui tient vraiment à cœur. Dans ce cas, l’obsession arrive vite, et elle est très souvent suivie par la recherche de perfection.
Mais dans cette vision long terme, on se rend compte d’une chose. Pour y arriver, tout dépendra de 2 choses :
- la vitesse d’exécution
- la qualité des itérations
Et pour itérer, il faut avoir quelque chose à proposer. Un premier jet. Imparfait.
On change entièrement d’objectif.
On ne cherche plus à sortir l’excellence du premier coup.
On cherche la maitrise long terme grâce à la progression.
4. La Loi des rendements décroissants
Dans certains cas, on peut accepter de passer le point de rendement décroissant.
De ne pas être efficient pour aller chercher un 9.75/10.
Quand c’est le cas, ça reste ponctuel.
Ce n’est pas une règle générale, car c’est aussi un bon moyen de burnout.
Il faut garder en tête cette loi, parce que la majorité des perfectionnistes se trouvent dans cette partie décroissante.
Là où 50% d’efforts et de temps supplémentaire n’apportent même pas 1% d’amélioration.
Si tu veux aller plus loin sur le sujet, je rentre en le détail dans ma newsletter sur l’efficience ici.
5. Se confronter à la réalité
Faire face à la réalité, c’est amener ta vision parfaite dans le monde réel.
C’est accepter de détruire la vue parfaite que tu en as pour accepter de partager cette vision et la mettre en œuvre.
Avant de le faire, il faut intégrer ce dont on a parlé.
Détacher le rendu de ton identité. Peu importe la mise en œuvre dans le concret, ça ne changera en rien ta valeur.
Le perfectionnisme nous dit qu’il n’y a aucune récompense pour essayer. Que quelque soit le résultat, il ne sera pas aussi parfait que ce qu’on voudrait.
Alors à quoi bon…
Mais la vérité est que tu ne peux pas produire un résultat parfait juste en pansant à ça.
Tu ne peux pas prédire ce résultat.
Tu ne peux pas savoir si c’est bon ou mauvais avant de le confronter à la réalité.
En le partageant, et en observant les retours que tu obtiens.
Donc ce que tu fais :
- penser
- réfléchir
- analyser à l’infini
est juste une perte de temps.
Mais même en acceptant ça, comment peut on passer le pas ?
6. Un niveau d’exigence initial trop haut
Si tu veux te mettre aux échecs, tu as 2 situations différentes :
Pour un perfectionniste, l’objectif est forcément d’être le meilleur. Ca ne fait même pas sens de commencer les échecs pour devenir moyen.
C’est soit être le meilleur, soit rien.
Du coup, le process va être d’aller chercher la stratégie parfaite. De passer du temps à chercher quelles sont les étapes clés pour comprendre la logique. Quels sont les meilleurs livres sur le sujets ? Qui peut m’accompagner au mieux ? Combien de temps ça va me prendre ? Comment intégrer 2h d’entrainement par jour ? Quel échiquier acheter ? Quel club rejoindre ? Quelles sont les meilleures ouvertures pour commencer ?
Tout ça va être utile à un moment donné. Mais entre temps, tu n’as rien fait.
Et après toute cette longue période d’analyse, quand tu as enfin le bon matériel, la bonne stratégie, le bon partenaire, tu te lances à faire une partie. Tu as tout en tête. Le plan parfait pour gagner, 25 coups d’avance. Mais au 2ème coup, tu commences à douter. Tellement de possibilités…. Et au 4ème coup, tu perds. Tu viens de te prendre un coup du berger. Un truc que tu n’avais pas intégré dans ton plan “parfait”…
Dégouté, tu n’as même pas envie de recommencer. Au final, les échecs c’est pas fait pour toi. On passe au billard.
2ème cas : tu n’as pas d’attente de perfection. Tu te lances juste pour voir et progresser. Avant qu’un perfectionniste lance sa 1ère partie, tu en a fait 200. Tu en a perdu 90%, mais tu as progressé à chaque fois. Tu ne joues jamais parfaitement, mais tu deviens excellent petit à petit.
Qui est le plus proche de la “perfection” ?
L’idée, c’est de rabaisser ta barre d’exigence. D’accepter un 8/10.
Et surtout, de comprendre le fait qu’accepter un 8/10 est le meilleur moyen d’aller chercher un 9. Puis un 9.5.
Baisser la barre d’objectif pour éviter que le parfait soit l’ennemi du bien.
Oui, on accepte un résultat moins bien.
On accepte le moyen.
On est en marche.
On évite la procrastination.
Et rien n’empêche de relever la barre plus tard.
7. La perfectionnisme mène à la procrastination
Oui, les perfectionnistes ont beaucoup plus tendance à procrastiner.
A cause de la peur de ne pas atteindre son objectif de perfection.
On en revient au cycle éternel du début : “je veux faire les choses bien, mais je ne me suis jamais senti prêt à faire les choses bien”.
Ca vient non de la volonté de réaliser quelque chose de parfait, mais aussi de trouver le parfait moment de le faire.
Les conseils du type “il n’y a pas de moment parfait” ou “t’as juste à commencer” sont… de bons conseils. C’est vrai.
La problématique, c’est pas de s’en convaincre, c’est de réussir à changer son comportement.
Mais rien que le fait de penser que ça va être difficile d’atteindre l’excellence crée immédiatement l’envie de procrastiner.
Pour changer, il faut passer par des questions. Un questionnement interne, une réflexion, et une reformulation de notre système de pensée.
A commencer par la notion d’échec.
8. La gestion de l’échec
Accepter le fait d’échouer.
Accepter d’être moyen.
Accepter le fait que tout n’est pas dans notre contrôle.
Compliqué, mais nécessaire pour progresser.
La meilleure façon de gérer ça, c’est en changeant sa vision. Qu’est ce que veux dire échec, et quelles sont les conséquences.
Passer d’un état à un autre pour level up notre vision de l’échec :
- L’échec est mauvais
- L’échec est normal
- L’échec fait partie du processus d’apprentissage
- L’échec est une excellente chose

9. La pression de la deadline
Le meilleur pour la fin. C’est sans doute le levier le plus utile à activer pour créer un passage à l’action. Et pourtant, c’est aussi l’un des plus simples.
Tu as déjà eu 3 mois pour faire quelque chose, que tu finis par commencer 24h avant ?
Moi oui.
As-tu déjà été bloqué par le perfectionnisme, le passage à l’action ou la concentration pendant ces 24h ?
Moi non.
Il y a un truc magique avec le simple fait de créer une échéante.
On a plus le temps pour se dire “je le ferai plus tard parce que je peux pas le faire parfaitement maintenant”.
Non.
On le fait parce qu’on doit le faire. On donne ce qu’on a en ce moment, peu importe si c’est moyen, bien ou excellent.
En résumé, c’est la loi de Parkinson “Le travail s’étend de manière à remplir le temps disponible pour son achèvement”.

C’est une pression supplémentaire utile.
Si il n’y a pas de délai, on peut se permettre de réfléchir pendant des semaines, ou réajuster constamment avant de partager nos travaux.
La seconde chose de magique avec les deadlines, c’est qu’elles sont tout aussi efficaces quand elles sont fictives.
Tu peux de toi-même créer ta propre échéance.
Tu peux partager ton engagement à quelqu’un.
Tu peux créer une pression de temps qui te force à passer à l’action.
C'est tout sur le sujet, j'espère que tu as trouvé des éléments à tester et implémenter dans ta vie !
Merci d’avoir lu jusqu’au bout, excellent week-end à toi.
L-A